À la clinique des animaux de compagnie de l'ULiège, unique en Fédération Wallonie-Bruxelles, les futurs vétérinaires se forment en étant au plus près des animaux, à qui sont apportés des soins de haute qualité. Immersion dans cette clinique hors du commun où se côtoient étudiants, vétérinaires professionnels, propriétaires et patients en tous genres.

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Visite de la clinique des animaux de compagnie

Un lieu unique de soin aux animaux et de formation des futur·es vétérinaires. À découvrir en images !

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n lundi matin, à l’accueil de la clinique des animaux de compagnie de l’Université de Liège. Un espace lumineux et accueillant où se croisent chiens, chats et animaux plus rares - oiseaux, reptiles, petits mammifères. Certains ont un bandage à la patte ou une collerette de protection autour du cou, d’autres, plus faibles, ne quittent pas les bras de leur propriétaire. Ce qui les réunit ici : une consultation médicale ou – selon la gravité de la situation – un passage aux urgences.

Autour de ces bêtes à poils, plumes et écailles s’affaire tout un petit monde de cliniciens et cliniciennes, d’étudiants et étudiantes, d’infirmiers et infirmières, de personnel administratif. Objectif : soigner ces animaux de compagnie blessés ou malades - 14.000 par an ! - tout en formant au mieux les futurs vétérinaires. Avec ses infrastructures et équipements de pointe, la clinique des animaux de compagnie de l’Université de Liège, qui a été entièrement repensée et inaugurée en 2019, compte parmi les meilleures références en Europe. En participant aux 40 consultations quotidiennes, les 130 étudiants de masters présents à la clinique intègrent chaque jour un peu plus leur futur métier.

Plongée dans cet univers de soin et d’enseignement aux côtés d’Émilie Vangrinsven*, coordonnatrice des consultations en médecine interne – soit la gastro-entérologie, l’uro-néphrologie, les maladies respiratoires, l’endocrinologie, l’infectiologie et l’hémato-immunologie. Vaste palette de spécialisations qui montre combien la clinique propose un suivi et un apprentissage complets, où la frontière tend à s’effacer entre médecine animale et médecine humaine...

Apprentissage en continu

Blouse et pantalon bleus – c’est le code couleur des cliniciens, alors que les étudiants sont en bordeaux et les infirmiers vétérinaires en rose –, baskets confortables, stéthoscope au cou et bipper dans la poche, Émilie Vangrinsven sillonne la clinique pour vérifier que tout se déroule au mieux. Le sourire avec lequel elle donne des avis éclairés aux étudiants témoigne de son engagement dans ce métier prenant et passionnant. 

Ici, l’apprentissage se fait en continu, aux côtés d’une centaine de vétérinaires professionnels. De l’accueil des propriétaires et animaux en salle d’attente jusqu’aux consultations, opérations et urgences, les étudiants et étudiantes sont actifs à chaque étape et deviennent de plus en plus responsables des actes médicaux au fil de leurs années d’études. Tout au long de leur master, la formation s’organise entre les trois pôles de la Faculté de Médecine vétérinaire : animaux domestiques, équidés et ruminants/porcs. Et même s’ils envisagent une carrière liée à un type précis d’animaux, les futurs vétérinaires sont formés à l’ensemble des espèces.

Droopy, Osiris, Gin Fizz et les autres

Départ du côté des soins intensifs. Plusieurs salles se succèdent, organisées en fonction de la gravité des cas. D’un côté les chats, de l’autre les chiens, répartis dans des cages aux tailles variables selon les races. Bips, lumières vertes, appareillages de pointe : les animaux hospitalisés, « référés » ici par leurs médecins traitants vétérinaires, sont suivis de très près.

Un étage plus haut, trois étudiantes entourent Droopy, sympathique Saint-Bernard qui présente des soucis respiratoires. Petit topo avec la clinicienne, examen général et examen spécial des voies respiratoires. Au son des sifflements du gros chien, Émilie Vangrinsven suggère de l’emmener faire une endoscopie respiratoire. La petite troupe s’achemine alors vers le local adéquat.

À l’autre bout du couloir, Inès, Jodie et Manon, en 2e année de master, sortent d’une salle d’opération. Elles ont stérilisé les instruments et discutent de l’intervention de chirurgie oncologique menée par la professeure Annick Hamaide, qu’elles viennent d’observer. « Attention, tes cheveux doivent toujours être bien attachés, biosécurité ! » glisse Émilie Vangrinsven à l’une d’entre elles.

Osiris est le prochain à passer au bloc opératoire. Ce chat doit subir une légère intervention : un stent nasopharyngé à retirer. Chaque cas de figure apporte son lot d’apprentissage.

Quelques salles plus loin, c’est le repaire des NAC (« nouveaux animaux de compagnie »). Alexandre Antoine, interne, ausculte délicatement un iguane rouge un peu nerveux. À ses côtés, un étudiant en 3e master est fasciné : c’est auprès des reptiles qu’il souhaite faire sa carrière.

Retour dans le couloir principal près de l’accueil, où se déroulent les consultations. Arrive Gin Fizz, femelle border collie plus toute jeune mais toujours en forme, suivie à la clinique depuis plusieurs années pour une tumeur, à raison d’une chimiothérapie toutes les 3 semaines. Elle réapparaît guillerette quelques instants plus tard et lèche les mains des étudiantes. Sa propriétaire est rassurée, les nouvelles sont bonnes !

Un fier golden retriever trottine dans le couloir. Il vient d’aller donner son sang – un réel enjeu pour la clinique, qui sensibilise largement sa patientèle aux dons de sang des chiens et chats. « Il est magnifique celui-ci » sourit Émilie Vangrinsven. Qui confie que parfois, entre collègues, on s’appelle pour admirer et cajoler un animal particulièrement attachant. « À la base, c’est quand même l’amour des animaux qui nous réunit ! » L’inverse arrive aussi : des animaux très agressifs, qui arrivent à la clinique avec une muselière. La vigilance fait partie de la formation des vétérinaires.

Entre deux rendez-vous, le professeur Dominique Peeters ré-explique quelques notions de base de l’examen neurologique à trois étudiants. « Quand je te croiserai, je te le re-demanderai pour être sûr que ce soit bien ancré ! » lance-t-il à l’une d’entre elles.

Une petite chienne fait des allers-retours sous l’œil attentif d’un groupe : a-t-elle bien retrouvé sa mobilité ?

Emilie Vangrinsven croise deux étudiantes de 2e master avec un matou dans les bras. L'occasion de leur rappeler comment faire au mieux une contention de chat pour réaliser des examens complémentaires.

Varier les pathologies et les spécialisations  

Observation, examen général, reporting auprès de l’enseignant référent. « C’est comme cela que ça fonctionne, explique Adèle, en 2e master. Chaque matin, nous nous répartissons les patients par petits groupes, en veillant à varier les pathologies et les spécialisations selon les jours, afin de toucher à tout. Nous nous occupons de l’anamnèse, ainsi que de l’examen général, en présence du propriétaire, nous y réfléchissons à plusieurs puis nous en discutons avec le clinicien de référence qui prend ensuite le relais de la consultation, à laquelle nous assistons du début à la fin ». Sa camarade Zia ajoute « tout au long de nos études, nous varions les types d’animaux. Je suis plutôt attirée par la médecine des chevaux  mais ces nombreuses heures passées ici sont essentielles : on doit pouvoir soigner tous les animaux et les apprentissages sont complémentaires ».

Une formation à 360°  

À l’autre bout des soins et des guérisons, il est des cas où l’euthanasie s’impose. « Cette facette fait entièrement partie du cursus : les étudiants y sont confrontés très tôt » explique Émilie Vangrinsven. Tout comme la gestion du stress et les relations avec les propriétaires d’animaux de compagnie. « Certains nous mettent une forte pression de résultat et les rapports peuvent parfois être délicats à mener » reconnaît la responsable. Ces aspects psychologiques font d’ailleurs l’objet d’un cours, basé sur des simulations de consultations filmées que décryptent les étudiants.

Émilie Vangrinsven reçoit un appel : trois endoscopies s’ajoutent au planning cet après-midi. La journée n’est pas finie. Notre petit tour en sa compagnie s’arrête là.

Sur le parking, un chien s’élance et saute dans le coffre ouvert d’une voiture. Sa propriétaire sourit jusqu’aux oreilles. « Cela fait des semaines, depuis sa patte cassée, que j’attendais ce moment. C’était notre dernier rendez-vous ! »

 

* Depuis ce reportage, Emilie Vangrinsven a quitté la clinique des animaux de compagnie pour un autre projet professionnel.  
modifié le 19/02/2024

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